Action citoyenne
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L’âge de l’engagement
Il est des silences qui en disent long. Et parfois, ce qui n’est pas dit — ou plus dit — pèse autant que ce qui est affiché. Dans une époque où l’on exalte la jeunesse, le renouveau, l’agilité, il devient presque discret — voire gênant — d’évoquer la place des plus de 70 ans dans la vie publique ou culturelle.
Pourtant, c’est souvent après cet âge que certains ont accompli le plus. Simone Veil, figure morale de la République, a été élue à l’Académie française à 73 ans. Elle n’a jamais cessé de porter haut les valeurs d’humanité, d’Europe et de mémoire. Pierre Soulages, immense peintre de l’outrenoir, créait encore à plus de 95 ans, avec une liberté intacte. René Monory, artisan du Futuroscope, modernisateur de la Vienne et président du Sénat jusqu’à 75 ans, connectait les écoles à Internet pendant que d’autres pensaient à raccrocher.
Ici même dans le Val-d’Oise, Marie-Christine Cavecchi, présidente du Conseil départemental, continue à 79 ans de piloter de grands projets avec lucidité, calme et engagement.
Ces trajectoires rappellent que l’âge n’est pas un seuil d’obsolescence. Il est parfois une force tranquille, un recul salutaire, une capacité d’engagement libérée des injonctions de carrière. Écarter les plus âgés de nos assemblées, de nos équipes, de nos projets est simplement injuste.
La transmission, la stabilité et l’intelligence intergénérationnelle ne s’improvisent pas. Elles se construisent ensemble. Et si l’on osait dire que l’avenir, parfois, a des cheveux blancs ?
Luigi Nocera – Tiphaine Loreal-Galtayrie – Régis Pain